Avec l'avènement numérique où tout en chacun s'est cru devenir photographe en appuyant sur le déclencheur avant de faire des petits arrangements avec la lumière, le contraste, le "bruit", nous avions presque oublié les bonheurs de l'argentique.
Profitant de journées de pluie sur le Béarn, j'ai ouvert les boîtes renfermant mes précieuses planches Panodia où sont archivés des milliers d'ektas légendés, classés... Du bonheur à regarder en pleine lumière pour se souvenir que seulement voici deux ou trois ans, les rédactions comme les agences acceptaient encore nos diapos. C'était une époque où les microstocks étaient encore quasi inexistants et où des "amateurs" (sans allusion péjorative) ont cru que leurs images avaient une valeur en les vendant quelques euros ici ou là. Ce qui pouvait faire partie des réflexions d'avenir pour la profession avec des stratégies de volume, est aujourd'hui "pollué" par des "amateurs" qui n'en ont rien à faire pour la majorité d'entre-eux des combats de notre profession : droits d'auteur, reconnaissance d'un coût du travail... De nombreuses petites agences de pub et autres webmasters peu scrupuleux, n'ont eu aucune difficulté à venir s'approvisionner dans les portfolios de 90% d'amateurs sans doute en microstock sans se soucier de l'avenir des photographes qu'ils faisaient travailler jusqu'au début des années 2000. Il faut souhaiter que des règles fiscales et sociales viennent faire le tri dans ce joyeux bazar organisé, souvent depuis les USA avec des lectures bien particulières de la notion de "Royaltie Free". Je ne jette pas la pierre à ces "photographes du we" mais je souhaite aussi qu'il puisse s'investir un peu plus dans la connaissance de notre métier en allant par exemple sur le site de l'UPC ou tout au moins, adopter une posture moins individualiste sous prétexte que ce sont des effets de la mondialisation, etc., et autres discours abscons tenus par des gens qui pour la plupart d'entre-eux n'ont jamais connu les longues heures d'indexation sur les tables lumineuses avec le compte-fil. Certains d'entre-eux, ont aujourd'hui conscience de ces problématiques. Ils sont aujourd'hui les premiers à venir se renseigner aux Agessa, à l'UPC et même à quitter les microstocks pour une démarche semi-professionnelle ou professionnelle louable.
Mais laissons de côté ce coup de gueule contre ces "arrivistes de la photo numérique" pour reparler "ektas".
Il est aujourd'hui pratiquement impossible d'arriver dans une rédaction avec des ektas sous planches à moins de se voir offrir un fin de non-recevoir.
Face à l'étendue de mes planches, près de dix mille ektas en 24x36, je me vois contraint à refaire une sélection pour les numériser en haute définition. Un travail difficile quand il faut juger des images qui méritent d'être vendues en agence, presse, etc., et celles condamnées à finir dans des sacs poubelles ou dans des tirages papier pour quelques-unes.
Point de salut pour scanner des images en haute définition sans un scanner à film du type des coolscan de Nikon. Les scanners à plat n'offrent pas des caractéristiques suffisantes pour espérer des fichiers autorisant au minimum des 20 x 30, voir 30 x 40.
Je me faisais cette réflexion devant l'étendue du travail qui va m'attendre pour seulement scanner environ 500 ektas. Les laboratoires professionnels proposent ce service en qualité supérieure pour des tarifs entre 2 et 4 € l'unité. Je lance donc un appel à celui qui dispose d'un Super Coolscan 5000 dont il n'aurait plus l'utilité afin de me le vendre d'occasion ou de me le louer pour une période de trois mois minimum.
Sinon je me résoudrais à en acheter un neuf pour le revendre ensuite rapidement avec une perte qui est souvent limitée à 20% tant ce produit est recherché.
Il me reste ensuite à espérer de nouvelles journées de pluie pour scanner ou sinon je vais débaucher des petites mains pour ce travail laborieux et nécessaire.
Simples réflexions d'un lundi de Pâques sous la pluie devant une pile de planches Panodia.
Je compatis avec tous les confrères et consoeurs qui sont devant la même problématique : Gilles, Luc, Laurence...