En regardant certains tirages, en parcourant quelques ouvrages photos que je m'offre de temps à autre, en m'amusant de vieux polaroid familiaux (à ce titre, je cherche pour une somme ne dépassant pas les 30 à 50 euros, un polaroïd SLR 680 ou SX 70 car sur Ebay et ailleurs, les mecs ont perdu la tête sur les prix. C'est pour un projet dont je parlerai d'ici quelques semaines), je ressens une fois de plus que rien ne vaut l'émotion du papier. Les galeries virtuelles, les sites internet aussi élaborés et magnifiques soient-ils, sont intéressants pour découvrir ou suivre le travail d'un photographe, s'enrichir de la production d'images à travers la planète mais il manquera toujours cette sensualité du toucher, cette sensation du "grain" du papier...
Il est rassurant de voir qu'en France, la vente de tirages photos connaît une nouvelle évolution depuis quelques années sans que je souhaite faire une distinction entre argentique et numérique. Les deux ont des valeurs essentielles avec des techniques différentes mais provoquent cette émotion sensuelle d'un tirage qui trouve sa place sur un mur, dans un album comme dans des ouvrages (monographies, bios...).
Le papier comme un îlot de résistance face à l'avènement du numérique qui aurait pu vouloir tout balayer. Combien d'images restent endormies sur des disques durs ? Tant de photos qui mériteraient de circuler entre les mains, d'être exposées, de finir comme murs de polaroid pour distraire les amis dans les toilettes comme dans la salle d'attente du dentiste pour oublier le sinistre bruit de la "fraise", comme livres que l'on laisse sur la table basse pour que chacun puisse avoir la curiosité de l'ouvrir, comme cadeau sous la forme d'un 10 x 15 qui trouvera sa place dans un agenda, dans un magazine où s'étalent l'un de nos reportages ou portfolio...
Oui le plaisir du papier pour lutter contre la frénésie des "presse boutons numériques" qui en oublient la règle première, celle de l'émotion.
